2009 : René Schickele (1883-1940)

SCHICKELE

Pour sa sixième année, le Jury du Prix Nathan Katz du patrimoine a choisi de distinguer l’œuvre de RENÉ SCHICKELE et demandé à Irène Kuhn et Maryse Staiber de donner une traduction de se l’une de ses grandes proses poétiques. Cette traduction a été publiée aux Éditions Arfuyen, partenaires du Prix :

René SCHICKELE, Paysages du ciel (Himmlische Landschaft). Traduit de l’allemand et présenté par Irène Kuhn et Maryse Staiber. Collection Les Cahiers d’Arfuyen n° 187. ISBN 978-2-845-90146-9    

René Schickele, 70 ans après sa mort, entre dans le domaine public. Il est temps d’en avoir une approche nouvelle, débarrassée des lectures partisanes qui l’ont longtemps déformée. Considérable, son œuvre couvre les genres les plus variées, du roman et de l’essai à la poésie et même au théâtre.

Elle a obtenu la reconnaissance d’écrivains comme Thomas Mann ou Romain Rolland et les plus hautes consécrations officielles puisqu’il est admis, bien que citoyen français, à l’Académie de Berlin. Aujourd’hui cependant elle est presque totalement indisponible en traduction française.

René Schickele est né en 1883 à Obernai, dans l’Alsace annexée par le Reich allemand. Son père est originaire de Mutzig, sa mère du Territoire de Belfort. Par la force de l’histoire, l’allemand, langue de l’école, deviendra sa langue de cet écrivain pourtant viscéralement opposé à l’Allemagne militariste du Kaiser, et plus encore au totalitarisme nazi.

DU STÜRMER AU RETOUR

Dès 1901, il fonde à Strasbourg la revue Der Stürmer qui défend l’idée d’une « alsacianité de l’esprit » fondée sur une perspective européenne et sur la vocation médiatrice de l’Alsace entre France et Allemagne. En 1909, journaliste à Paris, il est fortement impressionné par le socialisme pacifiste de Jaurès qui restera sa référence essentielle.

De retour à Strasbourg en 1911, il est rédacteur en chef du journal libéral de Gustave Stoskopf, la Neue Straßburger Zeitung. Quand éclate la Première Guerre mondiale, il se réfugie en Suisse et transforme la revue expressionniste Die weißen Blätter en un organe de l’internationale pacifiste.

En 1922, il s’installe à Badenweiler, sur la rive allemande du Rhin, se définissant lui-même comme « citoyen français und deutscher Dichter ». C’est durant cette période qu’il écrit sa grande trilogie romanesque, Das Erbe am Rhein (1926-1931). Dès l’automne 1932, il quitte Badenweiler pour la Provence, où le suivront nombre d’écrivains allemands. Interdit d’édition par le régime nazi, il publie chez les éditeurs de l’exil.

Son dernier texte, Le Retour, marque son retour à sa langue maternelle. Il meurt à Vence le 31 janvier 1940.

LES ÉDITIONS

L’édition allemande de référence de l’œuvre de René Schickele est aujourd’hui épuisée : René Schickele, Werke in drei Bänden, publié par Hermann Kesten avec la collaboration d’Anna Schickele, Cologne-Berlin, Kiepenheuer & Witsch, 1959.

Trois livres de René Schickele sont disponibles en traduction française : Terre d’Europe, poèmes choisis et traduits par Gérard Pfister, postface d’Adrien Finck, Arfuyen, 1990 ; La Veuve Bosca, traduction de E. Alfandari-Botton revue et corrigée par Dominique Dubuy, préface de Thomas Mann, Circé, 1990 ; La Bouteille à la mer, traduit par Dominique Dubuy, Circé, 1996.

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INTERVENTION DE CHARLES FICHTER LORS DE L’HOMMAGE RENDU À RENÉ SCHICKELE LE 12 MARS 2010 À STRASBOURG : L’ITINÉRAIRE COMPLEXE DE RENÉ SCHICKELE  

René Schickele est né le 4 août 1883, à Obernai, au pied du Mont Sainte-Odile « d’un authentique Alsacien, donc un Alaman d’expression allemande »« mais qui avait pour femme une Française tout aussi authentique. » 

Tout ceci ne concerne pas la nationalité, mais la langue et l’esprit, car, depuis 1871, l’Alsace est Terre d’Empire. L’Empire tout nouveau est dominé par la Prusse. Le refus de vivre sous domination prussienne fait qu’on commence par y protester contre l’annexion, une partie de l’intelligentsia optant pour la France, c’est à dire s’établissant à Paris, Nancy, Belfort ou ailleurs.

Schickele apprend l’allemand à l’école, il est séduit non par l’école prussienne et ses rigidités, mais par la langue des nouveaux maîtres. Il veut devenir meilleur qu’eux, les battre sur leur terrain. Eux-mêmes essayent d’ailleurs d’impulser une vie littéraire, de gagner à leur cause l’université de Strasbourg et les intellectuels, souvent de façon maladroite. Cette maladresse est moquée dans les pièces en dialecte de Gustave Stoskopf qui connaissent un vif succès, car les Alsaciens de souche s’y reconnaissent.

 L’abolition du Paragraphe de Dictature en 1902

Avec l’abolition du Paragraphe de Dictature en 1902, la censure se fait moins forte. C’est le moment que choisit une toute jeune génération pour se frayer sa propre voie. Son charisme porte René Schickele  à la tête d’un groupe de jeunes écrivains radicaux  strasbourgeois, les Stürmer, c’est-à-dire les Assaillants, qui publient une revue du même nom. Et partent à l’assaut de toutes les conventions, à l’extrême gauche du goût, multiplient les manifestes en faveur d’une écriture s’inspirant de la grande tradition littéraire des deux pays, en faveur aussi d’une littérature engagée à la française. C’est en France l’époque de l’affaire Dreyfus

Strasbourg, la jeune capitale du Reichsland, ne supporte pas cette radicalité. Le scandale finit par arriver. René Schickele s’en nourrit, brûle les étapes, va défier la censure prussienne à Berlin ! On le retrouve  responsable d’une revue de la capitale du Reich à 21 ans. René Schickele  fait partie de l’avant-garde berlinoise tandis qu’à Strasbourg son ancien maître Friedrich Lienhard oppose une Alsace de tradition exclusivement allemande, nostalgique d’un XVI° siècle mythifié, aux nostalgiques de la France inspirés par Barrès et préparant la reconquête de « la terre où reposent les morts ».

Poète surtout jusque-là, il va écrire un premier roman en 1905, Der Fremde, l’étranger, dont la thématique est encore influencée par Barrès et qui confronte le jeune auteur à sa double tradition, dont l’une reste en effet étrangère en Allemagne. Le jeune écrivain prétend régénérer la langue allemande par le sang gaulois de sa mère, aux Prussiens il parle de Voltaire et veut, comme Heine expliquer la France à l’Allemagne.

Il quitte Berlin pour Paris, où il est journaliste dans les années 1909 et 1910. Son nouveau roman porte un titre bizarre, Meine Freundin Lo, mon amie Lo, écrit à 28 ans, léger, gracieux, racontant  le Paris de l’amour, du théâtre et des joutes parlementaires – en particulier de Jaurès – aux Allemands de 1911.

1911, retour à Strasbourg. 

C’est le moment où l’Alsace se voit proposer une certaine autonomie dans le cadre de l’Empire, avec une Constitution et un Parlement. C’est avec une énergie redoublée, riche des expériences berlinoises et parisiennes, fort des encouragements de Heinrich Mann fasciné par le rôle que la presse quotidienne a pu jouer lors de l’affaire Dreyfus  que René Schickele  va s’engager comme intellectuel, se battre pour une véritable autonomie au sein du Reich, conquérir ce qui permet d’y arriver, à savoir le suffrage universel. C’est le journal dont il avait été le correspondant qu’il va diriger, la Strassburger Neue Zeitung, le journal libéral de Gustave Stoskopf. Il se fait le chroniqueur  de la mise en place d’un parlement du Reichsland Elsass-Lothringen (dans l’actuel bâtiment du TNS) Il se bat surtout pour la démocratie, contre la guerre qu’il sent venir, il ouvre ses colonnes aux grands intellectuels et écrivains des deux pays. Avec lui, l’Alsace a son Dichter und Denker bardé de relations dans l’Europe tout entière.

Mais il faut changer pour rester fidèle à soi-même : René Schickele repart en Allemagne, dans le Mecklenbourg, pour se rapprocher de Berlin. Il rêve d’une Politik der Geistigen, d’une politique des gens de l’esprit. Il veut retrouver la vie littéraire allemande à l’heure exaltante  de l’expressionnisme : il écrit encore des poèmes,  un autre roman Benkal, der Frauentröster (Benkal, le consolateur de femmes) : sur fond de menaces de guerre ou  de perte des repères au sein de la masse, dans Benkal c’est le grotesque qui sauve.

René Schickele  et ses amis sont des « pacifistes passionnés » La guerre arrive pourtant, qu’il vit dans son être le plus profond. « Toutes les nuits j’embrochais ma mère sur ma baïonnette. »  Il est brutalement renvoyé à sa double origine, s’essaye à l’écriture théâtrale pour lui donner forme : dans la pièce qu’il écrit,  il  combine l’antique et biblique motif des frères ennemis, pour dire les nations,  à celui d’un Hans im Schnakenloch, éternel insatisfait, antihéros pris entre deux femmes, les deux nations.

Mais c’est en tant que rédacteur des Weissen Blätter, les Feuilles Blanches, qu’il marque son époque. René Schickele  émigre en Suisse. La Suisse est le lieu de tous les contacts, de toutes les utopies.  La revue devient vite un organe important pour tous les intellectuels (comme Romain Rolland ou Heinrich Mann, ou les socialistes allemands, de Bernstein à Rosa Luxembourg)  qui refusent la guerre entre les nations et acceptent le débat. Il rêve d’une Europe commune à Péguy et Stadler, l’un et l’autre morts dès  le début de la guerre.

1918. « Préparez-vous, la révolution est en marche. » 

De passage à Strasbourg début novembre, voilà ce qu’il dit à son vieux complice Thomas Seltz. Der neunte November raconte le 9 novembre 1918, l’utopie d’une révolution socialiste allemande. René Schickele y participe à Berlin, un de ses textes est même placardé sur les murs, il y proclame ses idéaux d’une société nouvelle, avec des hommes nouveaux, mais le refus de toute violence, qu’elle provienne de la réaction ou de la révolution.

Il avait caressé l’idée, dit-on, d’accompagner les marins mutinés à Strasbourg pour y proclamer une République Rouge comme en Bavière et garder ainsi l’Alsace allemande – mais rouge – rester un écrivain allemand, conserver la langue allemande et tout ce qu’elle avait cristallisé comme nouvelle vision du monde  entre 1871 et 1914. Wir wollen nicht sterben. Nous ne voulons pas mourir. C’est dans ce livre qu’il nous présente son esprit de l’utopie, le jour le plus beau de sa vie : ce 9 novembre.

Puis vient Pariser Reise, le voyage à Paris, deuxième refus. Il ne veut pas voir les Weissen Blätter passer sous la coupe de Clarté, qui est la revue d’Henri Barbusse, mais dirigée par le Parti Communiste. Cela sera pour lui la fin de l’engagement politique. « Je suis un poète, qui, bardé de toutes les armes de la lutte des classes, est fier de rester en retrait malgré tout. Un fou, pas le fou d’un roi d’une pièce de Shakespeare, mais  celui de Karl Marx, avec des clochettes attachées au bonnet phrygien. »

Troisième refus. Blick vom Hartmannsweiler Kopf. Vue du Vieil Armand.C’est un sommet vosgien, champ de bataille de la Grande Guerre. « … tout en haut du cimetière de 60 000 hommes, qui s’étaient entretués ici.(…) N’était-ce pas le tour de la famille que je faisais là ? N’y avait-il pas là, enterré, un enfant presque de chaque pays, de chaque peuple ? » Les morts n’appellent pas ici à la revanche, comme chez Barrès, la mort est là, partout, il faut renaître, en Européen. L’auteur entame là un périple mental, Rundreise eines fröhlichen Christenmenschen, un tour d’Europe dans la perspective du Vieil Armand. Un tour où se mêlent géographie et histoire, sorte de « gai savoir » géopolitique  qu’il conclut ainsi:

« Aucun peuple n’est mort, c’est-à-dire n’a connu la décadence s’il ne  le voulait pas, et les peuples d’Europe ne voulaient pas mourir. » Les peuples d’Europe… Le petit livre parut en 1922. L’Allemagne vaincue vit une longue période d’instabilité entre crises et inflation. Pour beaucoup l’heure n’est pas à la gaieté, mais au ressentiment. Il y a en même temps cette jeune République de Weimar avec son bouillonnement artistique et intellectuel extraordinaire.

L’Alsace reste à l’écart de tout cela. Le 22 novembre 1918, à l’entrée des troupes françaises à Strasbourg, elle est perdue pour l’Allemagne.. Y a-t-il encore une arène alsacienne où s’exprimer? René Schickele devient citoyen français, mais raconte un passage à Strasbourg  en 1920 où il voit l’Alsace victorieuse, réévaluée économiquement  par son retour à la France avec en prime la place d’un Allemand obligé de partir. La réévaluation des uns a pour contrepartie le sacrifice des autres – et la dilapidation de la mémoire, de l’héritage.

Il s’installe à Badenweiler en 1922, au sud du pays de Bade. Il est citoyen français, mais écrivain allemand, membre de l’Académie Prussienne des Arts, il y côtoie Joseph Roth, Alfred Döblin et Thomas Mann.

Dans La Montagne Magique, le sanatorium est pour Thomas Mann le lieu de toutes les discussions essentielles. Dans Das Erbe am Rhein, l’héritage rhénan, la trilogie romanesque écrite à Badenweiler,  le domaine imaginaire de Breuschheim joue un peu le même rôle. On y expérimente une mini société quelque part au bord  de la Bruche (Breusch est le nom allemand pour ce fleuve qui descend des Vosges et vient se jeter dans l’Ill à Strasbourg). On y aime et on y discute politique et philosophie à perte de vue. Cela pourrait être une société idéale si elle n’était minée par l’air du temps : le nationalisme qui rend fou, une vie politique dominée par les démagogues.  Impossible donc de se replier simplement sur son domaine et de cultiver le jardin, la guerre qui fut empêche toute contemplation émerveillée. « Un grand peuple, s’il maintient la grande masse dans la misère, élève en revanche les nantis bien au-dessus de leur mérite (…). A Breuschheim, il nous manque évidemment le signe de la grandeur raciale. C’est touchant ce que nous sommes inoffensifs ! À Breuschheim, cela fait trois heures que nous sommes aux champs. »

Quelle est donc la situation spirituelle de l’époque, die geistige Situation der Zeit ? Ce sont les espoirs déçus de réconciliation européenne, les démagogues prenant la tête des partis de masse, les dictatures – fasciste et stalinienne. C’est aussi l’Alsace redevenue française, avec le mouvement autonomiste : à propos de ce mouvement, la position de Schickele a souvent été déformée par des lectures partisanes, je résume ici ce qu’il a tenté de dire à la France et aux Alsaciens :« Je ne veux pas que l’Alsace devienne une “réserve”  de haine entre l’Allemagne et la France » (Revue des Vivants,  p. 37, juillet 1928) ; « Il va de soi que les jeunes générations doivent parler français (…).  Mais elle peut et doit simultanément conserver son héritage allemand » (Revue des Vivants, p. 46) ; « La Heimat-Bewegung répond à une détresse culturelle du peuple, mais tous les partis, sans exception, l’exploitent pour leur fins politiques, et ceux qui la combattent ne sont pas les derniers à l’exploiter» (Ibid. p . 47)

L’exil et le retour à la France. 

À l’automne  1932, il  part pour la Provence et passe l’hiver à Sanary-sur-Mer. Au printemps 1933, voyant ce qui se passe en Allemagne,  il décide de rester. Il y est rejoint rapidement par un groupe important d’émigrés ou d’exilés qui y resteront plus ou moins longtemps. Lui-même y écrit Die Witwe Bosca,  La Veuve Bosca, pensant se libérer de ses angoisses par l’écriture. Le paysage provençal, sa lumière, y sont menacés constamment par l’irruption impétueuse et mauvaise de la veuve Bosca, « véritable sorcière dévouée à Pan ».

Himmlische Landschaft, paysage céleste (que l’on peut lire maintenant en traduction par Irène Kuhn et Maryse Staiber, aux Éditions Arfuyen) paraît la même année, comme un écho, lointain déjà, des années heureuses de Badenweiler.

En 1934, il s’installe à Nice. En 1935 les livres de Schickele sont interdits en Allemagne. Il va alors essayer d’écrire en français, dans la langue de sa mère, morte dix ans avant. Le Retour est achevé en 36, mais ne sera publié qu’en 38. Il vient d’être réédité aux éditions bf, l’on peut y découvrir les affres de l’écriture du pauvre animal bilingue, les dialogues entre Langue de Feu et le Pompier, les paysages de la Provence et du « Grand Bleu » (nom qu’il donne au Blauen) de la Forêt Noire.

En 1937 parait  Die Flaschenpost, la bouteille à la mer, traduit en 1938 par Trompe-la-Peur. Cette même année, il quitte Nice pour Vence. Sa dernière œuvre est une anthologie de la poésie allemande, Das Vermächtnis, Le Testament, mais qui ne paraîtra qu’en 1948.

La veuve Bosca (la traduction de Die Witwe Bosca) paraît en 1939 avec une préface de Thomas Mann, traduite par Maxime Alexandre.

Dans Le Retour on entend le désir d’un retour fusionnel à la mère, d’une renaissance sans problème, dans un pays où tout le monde parlerait la même langue. Mais en même temps il ne fallait pas abandonner la démarche du passeur, l’espoir de parler de l’Allemagne à la France dans cette langue qu’il aimait trop pour lui parler mal.

Il meurt le 31 janvier 1940 à Vence, sans voir aboutir son rêve.

Quand la langue allemande jette ses plus beaux feux tout en laissant la place déjà à quelques très belles œuvres en français, voilà, entre autres choses, ce que j’essaye moi-même de raconter, loin de la nostalgie et du ressentiment, dans un livre paru également aux éditions bf (Charles Fichter, Pour une autre histoire de la littérature alsacienne au début du XXe siècle. Loin de la nostalgie et  du ressentiment).

Maxime Alexandre écrivit Cassandre de Bourgogne en 1939. Toujours, la traversée de ce moment du XXe siècle a été rude : celle de Jean sans Terre d’Yvan Goll, celle de la baleine-guerre de Jean-Paul de Dadelsen, celle  de  La Lune d’Hiver de Claude Vigée. Une nouvelle génération avait tenté l’aventure du passage au français, sans renoncer à la part allemande, ni à l’idéal, ni à la littérature.

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