
Poète, essayiste, mémorialiste, Claude Vigée, décédé à Paris le 3 octobre 2020, était l’une des plus grandes voix de la littérature d’Alsace du XXe siècle. Témoin engagé de tous les bouleversements de notre temps et ardent défenseur du patrimoine culturel de ce pays, il fut président d’honneur du Prix Nathan Katz lors de sa création.
UN ENTRETIEN AVEC CLAUDE VIGÉE EN 1972 (17 minutes)
Claude Vigée évoque son livre Le soleil sous la mer, qui venait alors de paraître, mais il parle surtout de poésie, de destin juif, de destin d’homme : « Ma vie a accompagné pas à pas, pied à pied, mes poèmes… L’Alsace, une province coincée entre deux univers culturels… Juif et Alsacien c’est être doublement Alsacien et doublement Juif. » Toute langue est exil : « Ne pas confondre le mot et l’énergie qui est derrière. La loyauté première, c’est cette énergie première, l’ouverture de l’œil ; la parole véritable surgit derrière l’acte de l’œil et l’acte du cœur. » Lecture d’un poème de Vigée en off alors qu’il se promène dans la nature.
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UN ENTRETIEN AVEC CLAUDE VIGÉE AU COURS DE L’ÉTÉ 2005 (21 minutes)
Claude Vigée est dans son appartement parisien de la rue des Marronniers, dans le 16e arrondissement de Paris. Il commente son grand poème Schwàrzi sengessle flackre ém Wénd (Les orties noires flambent dans le vent), qu’il lit en alsacien et en français. « J’ai sorti de moi, écrivait-il, ce texte d’une violence baroque, bouffonne et funèbre. En français, évidemment cela fait plus stylisé, mais en dialecte, c’est la chose elle-même, ces orties, le mal qui brûle. Ma fonction de poète est de dire, non pas de juger. Dire ce qu’il y a, comment c’était, dire qu’il y a beaucoup de misère et de grandeur, de folie et de grotesque. » Son amie la comédienne Dinah Faust s’entretient avec lui et lit également des textes.