
Le patrimoine littéraire de l’Alsace est certainement de très loin le plus riche de tous les patrimoines littéraires des régions de France.
Il s’étend sur une durée particulièrement longue, du Moyen Âge à nos jours. Il s’exprime à travers un grand nombre de langues : le latin médiéval, l’allemand dans les différentes formes de son évolution – du vieux haut-allemand (à partir du VIIIe-IXe siècle) au moyen haut-allemand (à partir du XIIe siècle) et au haut-allemand moderne (à partir du XVI° siècle), le dialecte dans ses diverses expressions locales (alémanique, francique, judéo-alsacien…) et le français (à partir du XVIIIe siècle).
Le Prix Nathan Katz du patrimoine distingue une œuvre du patrimoine littéraire alsacien, du moyen âge à nos jours, écrite en dialecte ou en allemand et encore peu ou pas traduite en français, afin de témoigner de la richesse exceptionnelle d’une culture profondément marquée par le dialogue des langues et des cultures et de susciter une prise de conscience des potentialités de développement culturel, social et économique que recèle cette œuvre pour la collectivité où elle s’enracine.
Cet immense patrimoine est malheureusement, du fait même de sa richesse et de sa diversité, très largement inaccessibles : les publications en langue originale n’ont pas été rééditées et les textes, mêmes en dialecte, ne sont souvent plus lisibles que par un nombre réduit de personnes.
Face à cette situation, le travail de traduction et d’édition reste très limité : les plus grands classiques de la littérature d’Alsace sont encore à traduire, comme c’était encore le cas, avant la création du Prix, des œuvres de Jean Geiler de Kaysersberg, Georges-Daniel Arnold ou Gustave Stoskopf.
Et lorsque les traductions existent, se posent souvent de graves problèmes d’édition qui confinent leur diffusion à un niveau local alors que ces œuvres, comme tous les vrais classiques de toute littérature, ont une portée évidemment universelle.