2017 : Jean-Paul Gunsett

GUNSETT

 

Jean-Paul Gunsett a été le treizième Lauréat de la Bourse de Traduction Nathan Katz. La Bourse de Traduction lui a remise en avril 2017 en l’auditorium de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. Sa traduction a été publiée en édition bilingue aux Éditions Arfuyen, partenaires du Prix :

Lina RITTER, Haïkus alsaciens (Elsasseschi Haiku), poèmes, traduit de l’alémanique par Jean-Paul Gunsett. Bilingue alémanique-français. Préface de Jean-Paul Sorg. Collection Neige n° 36. 272 pages. ISBN 978-2-845-90251-0

Jean-Paul Gunsett, « né haut-rhinois » à Masevaux en 1925. Il est décédé à Strasbourg en 2017.

Entré sur concours à Radio-Strasbourg en 1947, il y a été pendant plus de quarante ans speaker bilingue, journaliste, auteur, comédien, metteur en ondes et producteur. À partir de 1954, il a également collaboré à la télévision régionale.

En 2005, il a publié aux éditions bf, à Strasbourg, un recueil de ses écrits poétiques, Toi mon arbre / Dü miner Boim.

Pour « La radio au service de la littérature en Alsace », dossier composé avec Martin Allheilig, cf. Revue Alsacienne de Littérature, n° 58, juin 1997.

Il a reçu la Bourse de traduction du Prix Nathan Katz du patrimoine 2017 pour sa traduction des Haïkus alsaciens de Lina Ritter.

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REMERCIEMENT DE JEAN-PAUL GUNSETT, LAURÉAT DE LA BOURSE DE TRADUCTION NATHAN KATZ LE 12 AVRIL 2017 EN L’AUDITORIUM DE LA BNU, À STRASBOURG 

Chers amis, mon émotion est grande d’être là, de vous voir tous et de revoir beaucoup d’entre vous. Je remercie tous ceux qui sont à l’origine de cette cérémonie que nous allons vivre, en l’honneur de Lina Ritter. Tout particulièrement mes remerciements vont à l’Association Eurobabel, fondée et présidée par Gérard Pfister qui depuis tant d’années défend et fait connaître de son propre chef le patrimoine littéraire d’Alsace.

Quand il y a trois ans le jury du prix Nathan Katz, cherchant un écrivain femme, a choisi une œuvre de Lina Ritter, ses Elsässische Haiku, et que pour leur traduction les membres du jury se sont tournés vers moi, qui en avais déjà traduit quelques-uns, publiés dans la Revue Alsacienne de Littérature, je me suis laissé convaincre, malgré, je dois le dire, mon grand âge et une santé qui devenait chancelante.

J’ai bien cru ne pas y arriver, m’évertuant au début de respecter le nombre d’or du haïku, 5 – 7 – 5. Je me suis rendu compte assez rapidement, après une phase de découragement, que ce n’était pas possible et que d’ailleurs Lina Ritter elle-même ne se tenait pas strictement à la règle japonaise. Le principal est la condensation sur 17 syllabes, l’économie extrême du langage. Une plénitude de sens dans un minimum de mots.

Sans les stimulations et l’assistance informatique de Jean-Paul Sorg, qui a copié chez moi mes traductions et les a saisies sur ordinateur, je ne serais pas venu au bout de la tâche. Et je sentais que je devais réaliser ce travail, parce qu’on me faisait confiance et parce que le souvenir de Lina Ritter était vivant en moi.

J’ai d’abord entendu parler d’elle par ma mère qui avec quelques autres enfants de cinq, six ans lui avait été présentée chez des amis communs à Sierentz. C’était avant-guerre au début du siècle dernier. Ma mère se souvenait de cette grande et rayonnante jeune fille qui consacra tout son temps aux enfants et leur raconta des histoires.

Deuxième souvenir. Quand je suis entré en 1947 à Radio Strasbourg et que je l’aie vue et entendue animer sa chronique qui devint fameuse, Üs em Sundgau vorne – un hingedure. Elle impressionnait et nous charmait tous par son charisme, qui était spontanéité, adéquation à l’instant présent, attention à autrui, compréhension. En un mot, profonde et naturelle humanité.

Troisième souvenir. La représentation en plein air de son mystère médiéval sur Sainte Odile, Hört, Brüder, hört, en 1953. Un spectacle qui vous étreignait comme une symphonie de Beethoven, la neuvième. Il y avait sur scène des mouvements de masse et de grands chœurs qui réunissaient des artistes lyriques de Bâle, de Fribourg et de Strasbourg. Il y eut onze représentations en allemand, cinq en français. C’étaient comme les prémices de l’Europe. Un grand moment pour Lina Ritter sûrement, comme un triomphal retour, en résonance avec les représentations de son drame Peter vu Hagebach joué au Lichtenberg en 1914.

J’en viens au film Links un rachts vum Rhi mit Lina Ritter, dont j’eus l’idée et le projet très tôt et que j’ai pu réaliser en 1975 avec au tournage mon ami Charles Giraud à qui je veux rendre hommage. Il venait d’ailleurs, d’Algérie, c’était un Pied-noir, mais il s’est tout de suite passionné pour les choses d’Alsace et a compris nos drames, nos problèmes existentiels, mieux que beaucoup d’Alsaciens !

Vous allez découvrir le film, merci à Jacques Goorma et à l’Association Eurobabel qui se sont démenés et ont mis la main à la poche pour l’avoir, et moi, je vais le redécouvrir avec une grande émotion que vous imaginez. Je ne peux qu’exprimer en termes de grâce la joie qui m’est donnée là. Merci infiniment à tous.

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